Création

Mûrie par un groupe d’amis de l’équipe de foot du patro de Nueil-sur-Layon, à la fin des années 40, en pleine reconstruction, l’idée prit corps en 1952 mais la déclaration ne fut faite à la Préfecture de Paris que le 30 septembre 1953 : ainsi naissait « La Confrérie des Fins Gousiers es Cabernet » dont le siège social était fixé alors au Café « Le Cabernet », 8 cité d’Antin, Paris – 9°. Pourquoi Paris si l’idée a germé en Anjou à Nueil ?

Création Fins Gousiers

La liste des fondateurs, lors de la création, en dit long sur le pourquoi de cette création : c’est la conjonction entre deux intérêts, celui de viticulteurs en recherche de débouchés stables et de parisiens, cabaretiers et amateurs de cabernet, désireux de s’assurer un approvisionnement régulier et de qualité.

En Anjou, jouent un rôle clé : Jean Falloux et Simon Régnard : le premier en tant que viticulteur et conseiller général, est Président honoraire ; le second, en tant que viticulteur et fournisseur habituel de cafés parisiens dont « Le Cabernet », est « Président » et « Grand Maître ». Ils sont accompagnés, lors de cette création, par trois viticulteurs de Nueil – Passavant : Blet René, Richard Jacques et Falloux Etienne. Mais, significatif, le premier président honoraire nommé est « l’abbé Joseph Bréhéret », curé de Nueil ; le rôle socio-économique du clergé se retrouve ici, comme dans de nombreuses autres innovations de l’époque.

A Paris, le siège est donc fixé, noblesse oblige, au Café « Le Cabernet », dans la Cité d’Antin, quartier des Grands magasins. Rappelons que Simon Regnard en était déjà le fournisseur attitré. Les témoignages comme la composition du conseil d’administration soulignent le rôle primordial joué par deux personnes : Raymond Brassié , rédacteur de « La Revue Française » qui reçoit le titre de « Responsable de la Propagande et du Protocole » ; René Courtois, qui tient le café de la Cité d’Antin et est chargé des « Relations extérieures ». Par ailleurs, un certain nombre de cadres, hommes et femmes, des Galeries Lafayette ont joué aussi leur rôle : il y a trois « chefs acheteurs » parmi les premiers administrateurs, dont l’un, Maurice Soulas , est « Gardien du Livre d’Or et des Sceaux ».

Création Fins GousiersAinsi l’origine de la Confrérie est liée à la rencontre, non fortuite certes, mais volontariste, de deux intérêts : s’assurer un débouché pour les uns, s’assurer la qualité pour les autres. D’ailleurs, les deux premiers objets déclarés de la Confrérie sont : « mieux faire connaître les vins de CABERNET et tous ceux de notre douce province d’Anjou » ; « réunir les amateurs de Cabernet et plus particulièrement ceux de l’Anjou ». Notons enfin que, dès le départ, la Confrérie se place dans la lignée de confréries vineuses existantes puisque le troisième et dernier objet veut « entretenir des relations très amicales » avec elles.

Cependant, il faut souligner qu’aucun de ces administrateurs « parisiens » ne semblent originaires de l’Anjou : 6 sont nés à Paris, 2 à Lille, 1 à Bruxelles, etc. De plus, les parisiens sont majoritaires au premier conseil d’administration : ils sont 22 sur 28. C’est sans doute ce qui a fait dire que la Confrérie avait été créée par les parisiens ; mais les apparences sont parfois trompeuses. Enfin, pour la petite histoire, notons que le Secrétaire général est « professeur » et que l’un des trésoriers adjoints est « Contrôleurs des contributions directes » : on avait alors utilisé au mieux les compétences de chacun !

Cette dominante parisienne va se poursuivre pendant quelques années. Des viticulteurs pionniers avaient trouvé le moyen de développer leur réseau de vente pour s’adapter aux nouvelles conditions économiques des années 50. Un atout non négligeable, dans l’air du temps lui aussi, à cette action de promotion, fut, au dire des témoins, l’impact de la « Famille Duraton » sur Radio Luxembourg : Jean Carmet y prenait tous les jours « son verre de cabernet ».

Le début des années 60 voit un premier tournant s’effectuer pour la Confrérie ; le second Grand Maître, Marcel Régnard, est sans doute un acteur privilégié de cette évolution.

En premier lieu, la Confrérie développe son implantation locale aux dépens des parisiens : volonté délibérée ou simple constat économique prenant en compte Création Fins Gousiers l’évolution du marché ? Dans le même temps, les adhérents se déplacent du Haut-Layon vers le reste de la vallée. D’ailleurs la mention « es cabernet » disparaît au profit « d’Anjou » tout simplement ; les producteurs de Coteaux du layon rejoignent la confrérie. Enfin, l’action se conjugue avec le développement de la foire aux vins de Vihiers. D’ailleurs trois personnes s’impliquent alors dans la confrérie : Monsieur Cochard, viticulteur à Aubigné et père de Jean-Mary, membre de l’actuel Docte Collège, monsieur Hoyau, grainetier à Vihiers ; et Robert Hauret, député, sis à Martigné.

La Confrérie va alors accentuer son rôle de promotion et de liens entre les viticulteurs. Les personnalités intronisées le montrent : Edgar Pisani, ministre de l’agriculture en 1966 ; des journalistes du Courrier de l’Ouest ; des personnalités du spectacle, etc. Mais l’aspect « convivialité » n’est pas abandonné pour autant : l’amour du vin va avec la gastronomie.